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Quelques registres de texte

Convaincre ou persuader :
les registres du texte argumentatif

 

  L'intention de communication et l'action exercée sur le récepteur permettent de classer les registres (ou tons ) du texte argumentatif :

  la volonté de convaincre s'accompagne d'un effort de mobilisation de la raison. Avec les armes claires des arguments logiques et des exemples référentiels, l'auteur entreprend de gagner le lecteur à sa cause avec son assentiment réfléchi.

  le registre didactique (du latin discere, apprendre) se caractérise par le choix de procédés explicatifs, une modération des thèses, un recours fréquent aux données objectives :

  N'assimilez pas la vision intérieure de l'artiste à celle de l'homme vraiment halluciné. Je connais parfaitement les deux états; il y a un abîme entre eux. Dans l'hallucination proprement dite, il y a toujours terreur; vous sentez que votre personnalité vous échappe; on croit que l'on va mourir. Dans la vision poétique, au contraire, il y a joie; c'est quelque chose qui entre en vous. (Flaubert, Correspondance)

 

  la volonté de persuader s'accompagne, elle, d'une action plus ou moins explicite sur la sensibilité du lecteur qu'elle s'efforce de gagner par le pouvoir de suggestion des images, la violence du verbe, la complicité qu'elle peut établir par l'émotion ou le rire :

  le registre laudatif se caractérise par l'abondance des évaluatifs mélioratifs et des exclamations admiratives. C'est le ton de l'éloge, du panégyrique, de l'oraison funèbre :

  Quel fut alors l'étonnement de ces vieilles troupes et de leurs braves officiers, lorsqu'ils virent qu'il n'y avait plus de salut pour eux qu'entre les bras du vainqueur ! De quels yeux regardèrent-ils le jeune prince, dont la victoire avait relevé la haute contenance, à qui la clémence ajoutait de nouvelles grâces !
(Bossuet, Oraison funèbre de Condé)

  le registre polémique (ou satirique : polemos signifie guerre en grec) se caractérise par une modalisation très nette de la certitude et des évaluatifs péjoratifs. C'est le ton du pamphlet, de la satire, dont l'arme essentielle est l'ironie :

  Je hais les sots qui font les dédaigneux, les impuissants qui crient que notre art et notre littérature meurent de leur belle mort. Ce sont les cerveaux les plus vides, les cœurs les plus secs, les gens enterrés dans le passé, qui feuillettent avec mépris les œuvres vivantes et tout enfiévrées de notre âge, et les déclarent nulles et étroites.
(Zola, Mes haines)

  le registre injonctif (une injonction est un ordre) se caractérise par une volonté de mobilisation du récepteur : impératifs, apostrophes, interrogations oratoires qui suggèrent les réponses. C'est le ton du discours publicitaire ou propagandiste :

  Il faut être toujours ivre. Tout est là : c'est l'unique question. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du Temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve.
  Mais de quoi ? De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. Mais enivrez-vous.
 (Baudelaire, Petits poèmes en prose)

 le registre oratoire manifeste une fonction expressive très marquée dans l'appel à l'émotion : colère, indignation , pathétique. Les invocations, les rythmes ternaires, les images saisissantes mobilisent l'attention de l'auditoire. C'est le ton du plaidoyer, du réquisitoire, de l'oraison ou de l'homélie :

  O Dieu ! encore une fois, qu'est-ce que de nous ? Si je jette la vue devant moi, quel espace infini où je ne suis pas! Si je la retourne, quelle suite effroyable où je ne suis plus, et que j'occupe peu de place dans cet abîme immense du temps !
(Bossuet, Sermon sur la mort)

 

Le registre pathétique

Quand les procédés visent à créer des effets particulièrement forts, déclenchant des larmes d'effroi et de pitié mêlée, on parle de registre pathétique, l’adjectif pathétique venant du grec pathos, signifiant « passion, souffrance ». Le registre pathétique concerne tous les énoncés qui suscitent chez le lecteur une émotion violente, douloureuse, voire des larmes. Cette émotion peut être une fin en soi mais aussi avoir une fonction argumentative et amener le lecteur à réagir, face à une injustice par exemple. Il se caractérise par une syntaxe de l’émotion (musicalité, phrases exclamatives ou interrogatives), des termes appartenant au réseau lexical de la souffrance et des sentiments violents, des hyperboles, des images fortes. L’émotion que ressent le lecteur est d’abord due au récit d’événements malheureux (séparation, misère, mort) et au fait que le lecteur s’identifie au personnage qui les subit

Le registre tragique

] Le registre tragique présente des personnages hors du commun aux destins marqués par la fatalité. Il dépasse ainsi le registre dramatique en montrant une situation sans issue qui repose sur l’intervention d’une force supérieure ou d’une divinité, sur une obligation morale ou sur l’emprise d’une passion. Le héros tragique se caractérise en général par sa grandeur : noble, hors du commun, il possède grandeur d'âme, courage et lucidité qui lui permettent d’affronter le destin tout en prenant conscience de son impuissance. Il exprime sa douleur devant l’étendue du malheur qui le frappe en particulier à travers l'imprécation qui souhaite la ruine, le malheur ou la malédiction , mais qui peut aussi exprimer une révolte contre la cruauté des dieux, le destin cruel ou une situation injuste , à travers la supplication, sous forme d’une prière ou à travers la lamentation qui exprime une tristesse intense, des regrets très vifs . Le registre tragique introduit ainsi la terreur et la pitié devant la force du destin qui frappe les protagonistes et le caractère inéluctable de l'échec, ayant ainsi une fonction de catharsis.

 



31/03/2012
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